Quelques pages de mon journal

La situation me rend perplexe... Nous étions envoyés pour nettoyer un opendesk de la firme afin d'y récupérer des données confidentielles – pour ne pas changer – après décontamination. Je me retrouvais à la tête de mon premier détachement d'hommes, que je connaissais très bien. Lorsque je suis arrivé dans les bureaux de gestion des ressources humaines au Panama, Mme Grant m'avait offert l'opportunité de créer ma propre équipe. Bien évidemment, mon choix s'était tourné vers Angelio, meilleur expert en communication de la base, avec qui j'ai parfais ma formation en terrain contaminé il y a deux ans. Après ses soucis mineurs avec un capo de la mafia sicilienne, il est arrivé dans nos rangs. Nous avions un peu la même vision de l'ordre, du respect... il est mort. Nicholson, qui excellait à El Paso dans les explosifs m'avais accueillis les bras grands ouverts lors de ma première venue. C'était un homme intègre, ex-père de famille qui a perdu les siens durant le Dimanche Rouge. Avant de tomber dans l'entrée du bâtiment, il m'a laissé la photo de sa femme et de ses deux filles – je l'ai actuellement dans ma poche intérieure droite – et je me souviendrais à jamais de ses derniers mots. L'expert en armement était aussi nécessaire, et c'est Tzazyk qui s'est lui-même proposé lorsque j'ai reçu mon ordre de déplacement. Il est arrivé, d'une manière des plus non-chalente dans mes appartements, me sortant en russe que j'avais intérêt à le prendre si je ne voulais pas que mes "petites fesses ne se fassent amocher par un éthéré en manque de chaire fraîche". La décision de l'achever alors qu'il venait à ma rencontre, sous une forme qui malheureusement était celle d'une goule, fut un choix cornélien. Sachez que l'instinct de survie a tout de même reprit le dessus. Inesta est salement attaqué : une plaque de béton provenant de l'étage supérieur lui est tombée dessus alors qu'il venait de lancer une grenade à fragmentation dans un bureau annexe. J'ai réussis tant bien que mal à le sortir de son étreinte et nous sommes à présent reclus dans la cafétéria, dernier bastion que j'ai aménagé en bunker. La porte est condamnée avec les moyens du bord, et Pablo se trouve contre le mur, en face de moi. Ses jambes sont inutilisables, les secours ne répondent plus, l'hélico ne vient que dans... 1h24 précisément et la mission n'est pas remplie. Nous nous sommes fais submerger par la masse. Pas de soutient aérien ni de nettoyage préalable, nous allions dans la gueule du loup, le pire est que nous le savions. Pourtant, il n'existait pas d'alternative. Gonflés à l'adrénaline et assurés de revenir tous vivants à la base, la mort ne nous faisait pas peur, du moins elle ne me fait pas peur. Touchée de plein fouet par la Main Divine, mon équipe m'a été enlevée par mon propre employeur. J'écris ces quelques mots, si jamais mon Palm est un jour retrouvé, à côté de ma dépouille. Ils touchent d'ailleurs à leur fin, je crois que la porte va céder. Adieu ?